Stéphane Gendron congédié
Je crois
que ce n'est une surprise pour personne. Dans mon cas, son congédiement me
dérange. Non pas que j'aimais particulièrement le maire Gendron. J'étais
rarement d'accord avec ses opinions extrêmes et son manque de respect. Ce n'est
pas non plus que je considère que Stéphane Gendron ne méritait pas d'être
congédié. En réalité, c'est les circonstances de son congédiement qui me
dérangent.
TQS évoque les nombreuses plaintes reçues à l'égard des propos du maire
Gendron. Encore là, je ne prétends pas que Gendron n'ait pas été l'objet d'une pléiade
de plaintes, mais j'ai l'impression que TQS tente de généraliser les raisons du
congédiement. Cependant, il m'apparaît que la seule raison qui ait
véritablement poussé TQS à mettre fin au contrat de Gendron, c'est toute cette
histoire avec le Barreau et la juge Lise Côté. Mon impression est que TQS a
tremblé devant les possibles représailles d'une institution aussi puissante que
le Barreau du Québec. En tout cas, si j'étais le président de TQS, j'aurais peur
d'être poursuivi par l'institution qui rassemble tous les avocats et tous les
juges du Québec.
Je suis peut-être dans le champ, mais ça me semble une incontournable évidence.
Ça me choque de constater que personne ne peut remettre en question le Barreau
du Québec. Prenons le cas de l'ex-juge Andrée Ruffault. Comme beaucoup
d'institutions de pouvoir, la population ne dispose plus d'aucun moyen pour
obtenir la droiture de ceux et celles qui sont à son service. Les méthodes
pacifiques et respectueuses, comme les pétitions, les lettres aux ministres,
les manifestations dans la placidité et autres ne fonctionnent pas. Ces
méthodes n'ont pas assez de punch. En contrepartie, les rapports de
forces, comme les manifestes, l'irrévérence, la diffamation, l'humour choquant,
les mouvements de masses agressifs, les grèves et autres ne fonctionnent pas
non plus. Ces méthodes sont considérées vulgaires (dérangeantes), donc
considérées irrecevables.
Quant au juste milieu, il n'existe tout simplement pas. Il n'y a pas de zone
grise. Nous n'avons qu'à regarder la manifestation de l'été dernier pour la
paix au Liban. C'était un mouvement de masse pacifique visant à exiger la paix
au Liban, mais parce que quelques personnes ont brandi quelques drapeaux du
Hezbollah, l'événement a perdu tout son aspect pacifique pour ne devenir qu'une
simple incitation à la violence et au terrorisme. La nuance n'existe plus aux
yeux de nos dirigeants. Peu importe ce que l'on fait, on est catalogué, soit
dans les faibles, soit dans les menaçants qu'il faut écraser au plus vite.
Le maire Gendron avait raison de s'en prendre à la juge Côté dans l'histoire du
pédophile Luc X. Gendron est de ceux qui ont essayé la méthode brutale, parce
qu'il savait bien que la méthode douce ne marcherait pas. Est-il allé trop
loin? Oui, mais qu'importe jusqu'où tu vas dans la méthode brutale, c'est trop
loin. On revient à ce maudit cercle vicieux que j'ai exposé plus haut. Son
statut d'avocat est peut-être la raison pour laquelle le Barreau s'en est pris
à Gendron, mais si le Barreau projetait de s'en prendre directement à TQS, le
statut d'avocat de Gendron y aurait été pour bien peu de choses. Je crois que
c'est donc à la population en générale que le Barreau essaie d'imposer une
sorte de bâillon.
Il reste le recours collectif, mais à quel point la population peut-elle
espérer d'un recours collectif contre un juge ou la cours d'appel, sachant que
ce recours sera jugé par... un autre juge?
Mon billet paraît défaitiste, mais je continue tout de même de croire que l'on
doit continuer de manifester publiquement son mécontentement. Dans tout ça, je
n'irai pas jusqu'à dire que la juge Lise Côté est une «femme frustrée» et une
«maudite épaisse», qui sont les mots de Gendron, mais je dirai certainement
qu'elle a été très irresponsable et qu'elle a nuit à la justice, donc ne mérite
pas son poste de juge.