Critique — Gang Gridiron
Gang
Gridiron
(v.fr. de "Gridiron Gang")
Après
Be Cool,
Dwayne "The
Rock" Johnson veut toujours prouver qu'il est un acteur
sérieux.
Les
films sur le football sont légion à Hollywood et
l'année 2006 n'y échappe pas. Gang
Gridiron est le second film de football de
l'année, succédant à Invincible,
qui avait
été très bien accueilli par la critique
et le public.
Comme la plupart des films du genre sorti ces dernières
années, Gang Gridiron
est inspiré d'une histoire vraie, évidemment
altérée et romancée. Durant le
générique, on nous présente les
séquences d'un documentaire tourné à
l'intérieur des murs du camp Kilpatrick et avec les vraies
personnes.
Qu'il s'agisse de basket-ball (Coach
Carter — 2005), de baseball (Hardball
— 2006) et même
de danse (Take
the Lead
— 2006), les films sportifs tournant autour de la
délinquance juvénile épousent
la même recette: réticence des jeunes,
apprivoisement, apprentissage,
changement, victoire (souvent plus morale que sportive). Que ce soit la
réalité
dont ils émanent ou le désire des producteurs
d'emprunter une formule à succès,
Gang Gridiron n'échappe guère
à la règle. Cela ne fait pas de la
dernière réalisation de Phil
Joanou un mauvais produit, mais cela l'empêche
certainement de se
démarquer.
Comme ses prédécesseurs, Gang Gridiron
mise beaucoup sur la ténacité et
le caractère d'un coach, ainsi que sur les
émotions et la détresse des jeunes.
C'est d'ailleurs ces aspects qui donnent de la qualité du
film, sans quoi il ne
serait qu'un pastiche.
Dwayne
Johnson a été choisi pour incarner Sean Porter,
une ancienne vedette de
football universitaire et éducateur dans un camp de
détention pour mineur.
Découragé par les statistiques qui renvoient 75%
des jeunes en prison une fois
libérés, Porter décide de monter une
équipe de football, sport qui sait
développer une panoplie d'aptitudes positives.
Il est difficile de juger la qualité du jeu de Johnson. Au
départ, on se dit
qu'il a fait du progrès comparativement à ses
rôles antérieurs (dont le très
médiocre Doom),
mais
qu'il lui en reste encore à apprendre, surtout du
côté gestuel. Mais en
regardant les footages à la fin, on
constate que le vrai Sean Porter a
une gestuelle aussi éloquente qu'un saucisson.
Malheureusement pour Johnson, il partage l'écran avec des
jeunes beaucoup plus
doués pour le jeu que lui. Jade
Yorker (Snow
Day
— 2000), Setu
Taase et Trever
O'Brien (Dodgeball: A
True Underdog Story — 2004) sont
particulièrement émouvants et pétant
de
véracité. Même Xzibit
surpasse Johnson, dans un rôle offrant pourtant une rare
visibilité. Comme quoi
chacun son rythme pour apprendre les ficelles de la comédie.
Comme
j'ai dit, le reste du film est du déjà-vu. Les
séquences sur le terrain sont
efficaces, mais on a déjà vu pareil et
même mieux (Any
Given Sunday —
1999). D'autres scènes, bien qu'elles soient jolies, sont
tirées à gros trait,
comme lorsque les jeunes fêtent leur première
victoire devant un coucher de
soleil ou lorsqu'on nous montre en gros plan le visage
bétonné d'un Johnson qui
peine à rendre l'émotion, ce qu'il a pourtant
réussi à faire ailleurs dans le
film.
Quoiqu'il en soit, pour bien apprécier Gang
Gridiron, pas besoin d'être
un fan de football, mais il faut au moins aimer les films sportifs,
particulièrement ceux sur le sport le plus populaire aux
États-Unis. La
performance plus que louable des acteurs est un supplément,
un bonus, mais qui
n'attirera pas de cinéphile autre que les amateurs
du genre. Un film,
donc, au dessus de biens des navets (Varsity
Blues — 1999),
mais une longueur derrière des films comme En
souvenir des Titans
(2000) et Coach Carter.
Drame sportif.
États-Unis. 120 minutes. 13 ans et plus (Canada)
Réalisé par Phil Joanu.
Écrit par Jeff
Maguire, inpiré du documentaire Gridiron Gang
de Lee
Stanley. Avec Dwayne "The Rock" Johnson, Xzibit et Jade
Yorker.
sur 5