Discussion intéressante
Comme
je ne sais jamais combien de temps me prendra mon voyagement vers l'université,
je me réserve toujours 2 heures pour m'y rendre. Sage décision,
particulièrement ces temps-ci, alors que l'A-19 (Papineau) est désormais
bloquée entre les boulevards St-Martin et Henri-Bourrassa, de l'autre côté de
la rivière des Pairies.
Ça été étrangement fluide cet après-midi pour me rendre et je suis arrivé dans
ma salle de classe vers 17h20, mon cours commençant à 18h. Le prof du
cours d'avant s'est fait surprendre par l'arrivée de quelques étudiants alors
qu'il jasait avec les siens. Comme je m'assois à l'avant de la classe, c'est à
moi qu'il s'est adressé la parole lorsque ses étudiants sont partis.
Il m'a demandé de quel cours il s'agissait et qui était mon prof. À ma réponse,
il a reconnu le prof et a dit qu'il était un bon prof, à quoi j'ai rétorqué
qu'effectivement, il était très intéressant. Le prof m'a alors dit que la
matière était intéressante, que le prof ne faisait que l'enseigner. Je lui ai
répondu que j'avais déjà eu un prof qui présentant sa matière, qui était
intéressante, de façon morne et monocorde. Sans être fâché, il s'est approché
de moi et m'a dit que les étudiants ne comprennent pas l'énergie que ça demande
pour enseigner à l'université, que les profs sont toujours à la course, etc.
Il s'est alors mis à me parler des occasions qui lui arrivent de dévier du plan
de cours, de déborder, etc. Il m'a semblé que certains de ses élèves lui
reprochaient ces écarts. Je lui ai dit que je comprenais totalement et que
c'était normal que le prof ne suive pas à la lettre le plan de cours. Les
étudiants ont parfois besoins que le prof approfondisse un point, que ce soit
pour mieux comprendre ou simplement par curiosité. Selon moi (je ne lui ai pas
dit), un bon prof laisse s'exprimer la curiosité de ses élèves.
Si j'ai compris ce qu'il essayait de me dire, je n'ai pas senti qu'il a compris
ce que moi je voulais lui dire. Qu'il s'agisse d'histoire ou d'autre chose, on
peut presque toujours ouvrir un bouquin pour acquérir la matière théorique. Ce
qui pousse l'étudiant à venir à l'université, c'est la façon dont le prof
présentera cette matière théorique. Si le prof se contente d'un exposé
magistral monotone, trop structuré, sans graphiques et parfois même, sans
vraiment d'intérêt de sa part, alors aussi bien se contenter d'ouvrir les
bouquins, parce que le prof n'apportera strictement rien. D'un autre côté, si
le prof est dynamique, qu'il présente la matière d'une manière énergique et
imagée (au sens propre et figuré) et qu'il apporte des éléments supplémentaires
parce qu'il s'intéresse à ce qu'il enseigne, alors ça vaut vraiment la peine
pour l'étudiant de s'asseoir pendant 3 heures pour l'écouter.
Je ne lui ai pas dit, parce que la conversation a dévié sur un autre sujet.
Ce prof m'a demandé si j'étais historien. Je lui ai répondu que non, et dans ma
tête, j'ai pensé que je n'aurai jamais le toupet de me déclarer historien avant
d'avoir au moins fait un certificat. Il a alors reformulé sa question et m'a
demandé si je faisais un baccalauréat en histoire. Je lui ai alors expliqué mon
petit cheminement particulier, qui consiste à accumuler 15 crédits en tant
qu'étudiant libre pour entrer au bacc, car je n'avais pas terminé mon cégep
(collégial). Il ignorait qu'on pouvait remplacer le DEC par des crédits
universitaires.
Sans que j'aie entré dans les détails, je lui ai expliqué que je me sentais
trop vieux pour retourner au cégep, que les profs du cégep s'adresse surtout à
des jeunes de 17-18 ans dans leurs approches, et non à des adultes de 23-24 ans
ayant un certain vécu. Il m'a dit qu'il ne pensait pas qu'on puisse être trop
vieux pour le cégep, mais il comprenait que je me sente plus impliqué à
l'université, car je suis davantage entouré de personnes de mon âge. Il m'a dit
qu'en réalité, il n'y a pas d'âge pour apprendre et je lui ai manifesté mon
approbation sur ce sujet. Comme le temps filait, il a du partir sur ce.
Il a raison. On n'est jamais trop vieux pour apprendre, même lorsque notre
mémoire flanche et qu'on ne retient plus, parce que durant les quelques heures
du cours, on peut quand même sentir la satisfaction de la découverte. S'il ne
s'agissait que de mon désir d'apprendre, j'aurais pu retourner au cégep, mais
c'est mon avenir qui se joue présentement et je ne voulais pas consacrer 2 ans
à des études collégiales alors que je peux suivre des cours universitaires qui
me seront probablement crédités à mon entrer au bacc. C'est une question de
temps dont je ne dispose pas. Si j'étais passé par le cégep, j'y serait sorti à
25 ans (peut-être 26), et je n'aurais pas terminé mon bacc avant 28 ans
(peut-être 29). En allant directement à l'université, je n'économise peut-être
pas 2 ans, mais au moins plusieurs précieux mois. J'ai désormais la possibilité
de terminé mon bacc à 27 ans, très peu probable à 28 ans.
C'est d'abord et avant tout pour ça que j'ai choisi l'université et jusqu'à
présent, je suis très satisfait de mon choix.
J'ai bien aimé cette discussion avec ce prof, car je l'ai trouvé sage, même si je n'ai pu lui montrer que j'étais moi-même plus compréhensif et consciencieux que certains de ses étudiants.