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Chroniques de Gradlon
24 novembre 2006

Nation québécoise (première partie)

27684xlLe débat sur la nation envahi de nouveau la Chambre des communes. Comme le disait Gilles Proulx, les chefs de partis se sont lancés, bien involontairement, la «puck».

Il serait erroné de prétendre que le candidat #1 du Parti libéral est celui qui a fait naître le débat. Dans les faits, Michael Ignatieff n'a fait que relancer un débat qui existe depuis fort longtemps, voyant l'opportunité par ce geste de reprendre quelques-uns des sièges libéraux perdus au Québec lors des dernières élections fédérales. Il ne serait cependant pas faux de penser que sans les déclarations d'Ignatieff sur la nation québécoise, l'effervescence de la présente phase du débat ne serait peut-être pas au même point.

Il ne serait pas faux non plus de penser que les déclarations d'Ignatieff ont déstabilisé le Bloc Québécois et son chef, Gilles Duceppe. En effet, lancer aux Communes les débats sur la nation québécoise, c'était l'apanage du Bloc depuis sa création en 1990. Bien sûr, le Bloc est là pour défendre les intérêts des Québécois, mais si la souveraineté (pas nécessairement la séparation) n'était pas l'un de ses intérêts, d'autres formations politiques pancanadiennes pourraient défendre ses intérêts. Je pense notamment au Nouveau parti démocratique, dont les positions socialistes rejoignent le penchant gauchiste de la plupart des Québécois. Les libéraux eux-mêmes pourraient s'acquitter de cette tâche, car le PLC n'est l'ennemi des Québécois que parce que l'idée souverainiste existe et que le PLC en a été le plus ardent opposant. Toutefois, le PLC est également de gauche, plus modéré que le NPD, et donc relativement près des valeurs extra-souverainiste des Québécois.

Duceppe, donc, s'est fait coupé l'herbe sous le pied par Ignatieff. Heureusement pour lui, les candidats à la chefferie du PLC ne s'entendent pas sur les implications du terme «nation» et, dans le but d'éviter un scindement chez les membres du parti, les candidats étirent les discussions et les «négociations». Ceci a permis à Duceppe de subtiliser la rondelle aux libéraux et de reprendre son fer de lance avec la ferme intention de présenter une motion sur la nation québécoise à la Chambre.

Toutefois, si Stephen Harper semble être un piètre stratège sur la scène internationale, il est un très fin stratège en matière de politique interne. Voyant que les libéraux délibéraient (désolé pour le jeu de mot) sur la question et que les bloquistes préparaient une motion, Harper a joué de vitesse et arracher la rondelle à Duceppe en déclarant que le gouvernement reconnaissait que le Québec était une «nation à l'intérieur d'un Canada uni». Et vlan, dans les dents des libéraux et des bloquistes.

Le succès de la déclaration de Stephen Harper, qu'elle plaise ou non au niveau de sa signification, repose sur la netteté de la position. Il n'y a aucune ambiguïté, ni pour les fédéralistes ni pour les souverainistes. Même le Bloc Québécois n'est pas parvenu, en 16 ans d'existence, à frapper aussi fort, parce que le Bloc n'est jamais parvenu à expliquer de façon précise la portée qu'il accordait au terme «nation». Est-ce que le Bloc considérait d'abord que les Québécois formaient une nation intra-canadienne, comme les Amérindiens, ou bien est-ce que le Bloc souhaitait piégé les fédéralistes et se servir de la «nation» pour valider une éventuelle séparation?

On sait donc que Stephen Harper reconnaît l'individualité culturelle du Québec, sans pour autant légitimer les visées souverainistes. Les propos de Harper n'en demeure pas moins assez nébuleux, même s'ils sont plus clairs que ce que le Bloc a déjà pu proposer et les libéraux, légiférer. Effectivement, il reste un immense flou sur la façon dont le Québec pourrait jouir de son statut de nation à l'intérieur d'un Canada «uni». Là-dessus, c'est le lieutenant de Harper au Québec, Lawrence Cannon, qui vient préciser l'idée en déclarant que la motion d'Harper est «purement symbolique» et qu'il n'y a pas de «conséquences juridiques à cette reconnaissance-là». (Corus).

Tiens, j'ai une nette impression qu'on est déjà passé par ici. Ah oui... on vient de revenir au tout début du débat, comme si rien ne s'était passé!

à suivre...

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