Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chroniques de Gradlon
3 décembre 2006

L'improbable dénouement

Quel improbable dénouement: Stéphane Dion, député de Saint-Laurent/Cartierville, a remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada, samedi soir.

Je ne suis pas un partisan libéral. Je suis un souverainiste, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec une quelconque anglophobie ou nostalgie amère d'un certain passé. Dans cette optique, je n'ai jamais été offusqué par les tentatives fédérales visant à mettre des bâtons dans les roues de la cause souverainiste. Après tout, mis à part le Bloc Québécois, tous les partis fédéraux aspirent à garder le Canada uni car c'est ainsi qu'ils l'aiment, qu'ils acceptent d'aller se faire charcuter sur la place publique.

liberalJe ne vois pas dans le Parti libéral l'ennemi à abattre de la souveraineté. Jusqu'au jour de la victoire souverainiste, je verrai les Québécois eux-mêmes comme le seul ennemi — non pas à abattre, mais à persuader — de la souveraineté.

Si je suis un partisan bloquiste, et que je crois que ce parti, même condamné à l'opposition, représente le mieux les intérêts du Québec sur la scène fédérale, je ne peux pas renier l'apport positif du PLC pour autant. Je le répète souvent, mes convictions sont à gauche, et le PLC demeure un parti de gauche. La plateforme libérale est moins audacieuse que celle du NPD, mais l'audace apporte également son lot d'incertitudes et l'incertitude n'est pas nécessairement ce qui est le mieux pour le Canada en ce moment.

Contrairement à un fort pourcentage des Québécois, je ne conserve cette vision de scandale envers le PLC. Un scandale, après tout, c'est une pratique immorale qui est apparue aux yeux du public. Or, il y a probablement, dans tous les partis, des pratiques immorales qui n'apparaissent pas aux yeux du public, donc on n'en fait pas des scandales. Je ne pense pas que les libéraux se lancent aussi rapidement dans de nouvelles fraudes de ce type-là, même avec, à sa tête, un homme réputé pour être un ardent anti-souverainiste.

Tous ces détours pour dire que j'espère la souveraineté québécoise, mais le Québec est encore une province canadienne et pour le Canada, je pense que le PLC représente, malgré tout, un parti à considérer. Même si le Québec était déjà un pays, je me soucierais de la politique du pays limitrophe qu'il serait, tout comme je me soucis de ce qui se passe à Washington.

La surprise est totale, mais au moins, la PLC a désormais un chef, ce qui est un atout non négligeable s'il veut redevenir le contrepoids des conservateurs qu'il était avant. Stéphane Dion a peut-être gagné par des jeux de coulisses, sa philosophie a évolué ces dernières années, atténuant un peu l'image de l'intello arrogant qu'il était. J'espère qu'il aura le caractère et le charisme pour rallier à lui tous les membres du PLC et pour confronter efficacement les conservateurs aux communes. Même si je souhaite une victoire étincelante du Bloc au Québec lors de prochaines élections, je souhaite — pour une rare fois — une victoire étincelante (donc pas minoritaire) des libéraux dans le ROC.

Publicité
Commentaires
Publicité