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Chroniques de Gradlon
18 février 2006

Journée stressante

La journée ne s'annonçait pas du tout stressante. J'avais prévu me lever vers midi, me rendre tranquillement chez le magasin qui avait reçu le manteau que j'avais commandé, revenir chez moi pour préparer mes bagages et finalement, me rendre à mon camp d'hiver scout bien relax.

En regardant par la fenêtre de ma maison, il ventait un peu, mais c'est tout. Le ciel était clair et il n'y avait aucune précipitation, quelle qu'aurait pu être sa nature. Je suis donc sorti, j'ai dégivré ma voiture et j'ai pris le chemin en direction du magasin. Il faut ici comprendre que j'habite loin du magasin en question. J'habite également dans une région agricole. Sur le premier chemin que j'ai emprunté, le vent soufflait fort et la poudreuse s'élevait des champs pour envahir les routes. Mais l'effet était similaire à un simple petit brouillard matinal; je voyais très bien loin en avant de moi. Le seul danger que je perçois réellement dans cette situation, c'est la chaussée glissante. La poudreuse traverse la route, mais seulement une très mince pellicule adhère à l'asphalte, ce qui la rend beaucoup plus glissante que si elle était totalement recouverte de neige. Comme j'avais de bons pneus d'hiver et que je roulais prudemment, je me sentais quand même en sécurité.

La donne changea plus loin. L'autoroute étant fermée, j'ai du passé par les chemins de campagnes. Les vents sont devenus alors beaucoup plus fort et le brouillard de neige se sont épaissis considérablement. À un tel point que je n'y voyais plus à deux mètres devant moi. Certaines courbes m'ont d'ailleurs données du fil à retordre. Je roulais à 5 km/h dans des zones de 90 (+/- 45 dans les courbes). Comme je considérais avoir déjà parcouru plus de la moitié du chemin, j'ai décidé de continuer.

À l'entrée d'un village, même si la visibilité s'était éclaircie, j'ai dû ralentir. Un camion de pompiers, gyrophares allumés, attendait de pouvoir s'aventurer sur la même route que moi. Le chauffeur me faisait des signes, mais à cet instant, je ne les compris pas. Je le laissai donc passer devant moi. À peine deux kilomètres plus loin, j'ai compris la véritable signification des simagrées du chauffeurs: l'incendie qu'il se rendait combattre se trouvait devant nous. Ce que j'ai vu était étonnant... dans le mauvais sens du terme.

Il y avait environ six camions de pompiers et plusieurs véhicules d'urgences devant la maison dont ne subsistait que la cheminée en briques. Les pompiers tentaient d'éteindre l'incendie dans des conditions météorologiques épouvantables. Les vents soufflaient à presque 100 km/h, apportant avec eux des rafales de neiges qui s'abattaient violemment sur les pompiers. Je n'aurais pas aimé être dans les culottes ni dans celles des résidents. Comme les autorités n'avaient pas fermé cette portion de la route à temps, ils m'ont laissé passé, ainsi que quelques dizaines d'autres automobilistes pour qui il était impossible de rebrousser chemin à ce moment et dans ces conditions.

À la sortie du village, c'était le calvaire. On ne voyait pas plus loin qu'un pied en avant des véhicules. J'avançais, comme tous les autres, à l'aveuglette. Le seul moment où je pouvais voir l'autre devant moi, c'était lorsque je freinais juste derrière lui. La circulation était devenue très lente, les voitures étant parfois littéralement immobilisée dans une zone de 90 km/h. Compte tenu que la circulation était morte, j'en ai profité pour appeler mes parents et les informer d'éviter le village où sévissait l'incendie s'ils prévoyaient sortir. Et pendant que je parlais avec ma mère...

bang1

Mon corps est projeté vers l'avant et est violemment retenu par ma ceinture de sécurité. Sur le coup, j'ai l'impression d'avoir senti mon cerveau s'écraser contre le devant de ma boite crânienne. Mon auto a littéralement fait un bon en avant. En une fraction de secondes, j'avais compris qu'on venait de me rentrer dans le cul et c'est d'une nonchalance désarmante que je l'ai annoncé en direct, par téléphone, à ma mère. À cet instant précis, elle fut davantage prise de panique que moi.

J'ai amené mon véhicule sur l'accotement où il a lâché un dernier soupir avant de s'éteindre. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à le redémarrer par après. Bien sûr, m'a mère s'est enquérit de ma localisation et s'est empressée de venir me rejoindre, accompagné par mon père. Ce dernier m'a informé plus tard que les nerfs lui avaient permis, à ma mère, de pousser leur véhicule alors coincé dans la glace!

La personne qui m'a rentré dedans était une fille qui devait avoir à peu près mon âge. N'ayant ni un ni l'autre d'exemple de constat, j'ai appelé les services d'urgences. J'ai appris deux choses lors de cet appel au 911: d'abord, que je n'avais pas besoin de constat, et deuxièmement, que c'était la folie totale au niveau des services d'urgences cet après-midi là dans la région. Aucune assistance n'allait pouvoir nous être portée avant longtemps, car en plus de l'incendie qui accaparait une partie des services des incendies de 3 villes, les accidents de la route "pleuvaient". Suivant les conseils de l'opératrice m'ayant répondu, j'ai échangé avec la fille nos coordonnées et les informations relatives à nos assurances respectives. Son véhicule n'ayant pratique rien, et heureusement, elle non plus, elle repartit.

Je ne pouvais malheureusement en faire autant. Non seulement mon véhicule était-il mort, mais il était encore dans une position vulnérable. À tout moment, durant l'heure qui suivit, j'aurais pu me faire emboutir une seconde fois. Sachant mes parents en route, j'ai gentiment refusé l'assistance de quelques bons samaritains ainsi que d'une dépanneuse. C'est aussi durant cette heure que j'ai constaté les véritables dégâts sur mon auto. Mon hayon arrière avait croché, tout comme la porte arrière, côté passager. Par les deux endroits, la neige pénétrait dans mon véhicule. Ces deux portes et celle du passager avant n'ouvrait plus. Bref, on dit que les êtres humains ont un côté plus court que l'autre... bien c'est maintenant le cas de ma voiture aussi. Je n'ai pas encore pu constater les dégâts au moteur ni sous la voiture. Lorsque mes parents sont arrivés, nous avons fait remorqué l'auto chez un ami en attendant de pouvoir contacter les assurances.

De réaliser l'état de ma voiture m'a fait réfléchir. Si à première vue, les dégâts étaient très minimes (rapidement, seul le pare-choc arrière semblait atteint), mais qu'après analyse, ils étaient plus importants, j'ai songé que c'était peut-être également mon cas. Apparemment, je n'avais rien. Sur le coup, probablement que l'adrénaline m'a empêché de ressentir quoi que ce soit d'anormal. Mais après l'arrivée de mes parents, je commençais à ressentir une certaine douleur à l'omoplate et j'ai décidé de me rendre à l'hôpital, par mesure de précaution. Combien de fois entendons-nous parler de ces gens chez qui apparaissent des malaises graves, causées par des événements s'étant déroulées des années avant?

Inutile de mentionner que c'était l'enfer à l'urgence de l'hôpital. Les accidents ayant eu court toute la journée, ce fut également le bordel toute la journée. Au moment où j'arrivais, ils attendaient les victimes d'un méga carambolage ayant eu lieu sur l'autoroute 40, au niveau de Lavaltrie. D'ailleurs, tous les médias du Québec en ont parlé, comme le site de Canoë (TVA). Ce carambolage impliquait une soixante de véhicules, au moins 33 blessés officialisés et un mort.

Si je n'avais pas moi-même été impliqué dans un accident, je serais probablement encore à l'urgence à cette heure. Heureusement, je n'ai pas attendu une éternité avant d'être vu par un médecin. Si je suis entré à 16h30, j'étais sorti à 20h30.

Quand j'ai vu le médecin, ce dernier a jugé bon de me faire passer une radiographie de la colonne cervicale. C'était d'ailleurs uniquement pour ça que j'y étais allé. Le passage où l'on m'a mis un collet et qu'on m'a immobilisé sur une civière a fait paniqué ma mère... et moi aussi, je l'admets. Ce n'était que mesure préventive, mais la chienne m'a pogné. Dans toute la confusion qui régnait à ce moment à l'unité de radiographie des urgences, j'ai subi mon examen en même temps que les victimes du carambolage de la 40. J'aurais volontier patienter encore plus longtemps pour laisser ceux et celles ayant des symptômes plus inquiétants que les miens être radiographiés d'abord, mais je ne suis pas mécontent que mon stress ait été écourté.

Finalement, si j'avais eu quelque chose à la colonne cervicale, je ne serais pas devant mon ordinateur à rédiger ce message. Je suis infiniment reconnaissant que les dégâts physiques de mon accident se soient limités là, de ne pas être l'une des nombreuses victimes, dont plusieurs sont plus amochées que moi, du carambolage de la 40 ou encore celle qui a également eu lieu sur la 25. Je serai extrêmement courbaturé samedi et dimanche, le médecin m'a d'ailleurs prescrit deux médicaments pour ça, et j'ignore l'étendu réel des dommages à mon véhicule, mais je suis encore vivant et encore plus important pour moi, ma colonne cervicale n'a rien eu. Le contraire aurait pu causer des complications dont certaines seraient, à mon sens, pire que la mort.

Bien sûr, il n'est pas question pour moi d'aller à mon camp d'hiver avec mes jeunes éclaireurs. Ce type de camp, qui est du camping d'hiver, demande aux animateurs une bonne forme. Comme les courbatures seront plus douloureuses dans les prochains jours, je serai vulnérable au froid et ne pourrai pas donner la moitié de ce qui sera exigé. Aussi, le médecin était pour me signer un repos forcé si j'avais travaillé cette fin de semaine, alors j'en déduis que le repos qu'elle m'a "prescrit" ne sera pas un luxe.

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