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Chroniques de Gradlon
28 septembre 2006

Que des âneries

Le président du Pakistan, Pervez Musharraf, invite le Canada à «cesser de pleurnicher à chaque fois que l'un de ses soldats meurt en Afghanistan.» De plus, il suggère aux Canadiens de «ne participer à aucune mission militaire s'ils sont incapables de supporter que des morts surviennent.»

Bravo à Musharraf. Il incarne le politicien typique, celui dont la langue est beaucoup plus rapide que la matière grise. D'abord, le Canada ne «pleurniche» pas à chaque fois que l'un de ses soldats meurt en Afghanistan. Les citoyens du Canada, représentés par des politiciens en Chambre, posent des questions lorsqu'un soldat meurt en Afghanistan. Il est illogique que 28 soldats soient morts en moins de sept mois alors que durant les 40 mois précédents (d'octobre 2001 à début janvier 2006), le Canada n'avait perdu que huit soldats. En toute logique, on s'attend à ce que les pertes soient plus nombreuses en début de conflit... pas après 3 ans et quatre mois.

Les Canadiens ne sont pas incapables de supporter que des morts surviennent. Ce qu'ils sont incapables de supporter, c'est que des morts surviennent sans explications, outre qu'ils ont reçus une balle ou une grenade en plein visage. Les Canadiens se demandent en quoi consistait la job de ses soldats durant les 40 premiers mois en apparence tranquilles alors qu'une révolte talibane se préparait sous leurs yeux? Les Canadiens se demandent encore qu'elle est le rôle du pays en Afghanistan. Pour le moment, le seul rôle que la population canadienne voit, c'est celui de se faire charcuter gratuitement.

Les Canadiens ne sont pas capables de supporter qu'un Irak-2 se produise. Les Américains ont abandonnés le peuple irakien dès que Saddam Hussein à été capturer et Washington maintient ses soldats là-bas pour des raisons purement économiques. Les Canadiens refusent que le Canada devienne les USA de l'Afghanistan. Les Canadiens veulent une participation concrète dans le maintien de la paix et de la sécurité et dans la reconstruction du pays. Pourtant, encore une fois, tous ce que le citoyen canadien voit du conflit en Afghanistan sont les cercueils qui reviennent au Canada par avion.

L'ignorance des Canadiens vis-à-vis le rôle de leur pays en Afghanistan n'est pas volontaire de leur part. En général, les Canadiens sont plutôt à l'affût de l'information internationale et de la relation du Canada avec le reste de la planète. Il en va autrement de la mission canadienne en Afghanistan. Durant le règne des libéraux, les ministres concernés avaient déjà de la difficulté à expliquer la place du Canada dans la mission de l'OTAN. Alors que la plupart des Canadiens pensaient que le Canada participait à un rôle de reconstruction, force était d'admettre qu'on ne percevait aucun signe de cette reconstruction. Depuis l'arrivée des conservateurs, les nouveaux ministres concernés patinent tout autant que leurs prédécesseurs libéraux.

Est-ce que nos politiciens ignorent carrément en quoi consiste le rôle du Canada au sein de la mission afghane, ou bien nos politiciens nous cachent-ils quelque chose? Dans le deux cas, c'est inadmissible.

Mon opinion sur la mission canadienne en Afghanistan a changé depuis mon dernier billet sur le sujet. Depuis, j'ai reçu des informations fraîches sur la situation dans ce pays et ce n'est certainement grâce à Ottawa. Maintenant, je crois que le Canada doit demeurer en Afghanistan pour protéger les afghans des talibans, mais surtout, pour construire des écoles, des hôpitaux, former des policiers, des médecins, etc. Je veux cependant que le mandat du Canada soit clairement défini et expliqué à la population (via les Communes). Je veux que les responsables du gouvernement rendent des comptes à la population canadienne. Je veux des résultats concrets, dignes des autres missions de paix auxquelles le Canada a déjà participé.

Évidemment, Pervez Musharraf ne connaît rien aux préoccupations des Canadiens vis-à-vis de leurs compères qui sont au combat. Comment pourrait-il le savoir? Qu'est-ce que Musharraf sait sur le Canada lui-même? Les baleines du Saint-Laurent en savent probablement plus sur la politique canadienne et sur les Canadiens que lui.

Étant un pauvre occidental médiocre, je suis soumis aux impératifs de la liberté de parole. Musharraf a bien le droit de dire ce qu'il veut, mais moi aussi. Si Musharraf tient à démontrer qu'il est un ignare et un faible d'esprit, qu'il continue à profaner de telles âneries.

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